Novembre 1951, Londres, Chaudron baveur. - Elle est enceinte Wolf. Le sorcier brun aux cheveux bouclés, expulsa le peu de bière au beurre, qui lui restait en bouche, humidifiant sa belle robe rougeoyante.
- Sérieusement ?! Son ami lui sourit, des larmes de joie emplissant son regard.
- Tu vas de venir papa Rob ! s’exclama Wolfgang plein d’enthousiasme.
- Je vais devenir papa, rigola Robert à son tour.
- Viens là que je t’embrasse ! Les deux sorciers s’enlacèrent amicalement, tandis que quelques têtes de la taverne se dirigeaient en leur sens. Mais ils n’avaient que faire d’être temporairement le centre de l’attention, aujourd’hui, leur joie était bien trop grande.
- Bon rassures-moi, c’est bien ton gamin, t’es sûr ? Robert frappa son ami dans les côtes, mettant fin aux embrassades. Rajustant son gilet de velours vert, aux volutes étrange, il se rassit, bière en main.
- Et tu l’as dit à ton père ? Questionna Wolf, qui se remettait tout juste d’avoir osé faire une plaisanterie.
- Non. Je ne l’ai pas revu depuis le mariage. D’ailleurs lui non plus n’a pas tenté de reprendre contact. Il n’a même pas essayé ce lâche. A croire que mon mariage avec une moldue n’était qu’un prétexte pour m’éjecter de la famille. - Ah toi et tes moldus ! - Tu peux parler ! - Oui mais moi, c’est justement d’être né de moldus qui fait que le monde magique est si passionnant. Je ne comprends vraiment pas pourquoi tu t’obstine à te passionner pour eux... enfin, tu comprends. Tu vis parmi eux, tu manges comme eux, tu fraternises avec eux.... Et tu fais des enfants avec eux ! - Avec ELLE mon vieux Wolf. Il n’y a que Julia qui compte. - Ben tiens ! J’espère bien ! (S’adressant au serveur)
Dis, tu nous en remets deux ? (A son ami)
Aller, celle là c’est moi qui te la paye. Au bébé ! - Au bébé ! Ils confrontèrent leurs pintes dans un bruit tintant, déversant chacun de la mousse dans la bière de l’autre, avant d’en prendre une gorgée. Wolfgang était de toute évidence plus qu’heureux à l’idée de voir le petit blond devenir père. Et pourtant, voilà qui allait lui apporter moult problèmes.
28 aout 1963, Londres, chemin de traverse. - Mon fils va aller à Poudlard ! Ma mère, totalement surexcitée, avait des étoiles plein les yeux. Son regard noisette parcourait avec attention les moindres détails de la boutique, pourtant si banale. Ce n’était pas la première fois que je venais sur le chemin de traverse, mais aujourd’hui il y avait particulièrement beaucoup de monde. La rentrée approchait, et comme nous, ils venaient tous pour acheter leurs fournitures scolaires.
Un homme plutôt jeune, s’avança vers moi, en me tendant une baguette, bien enrobée dans une boîte sombre.
- Essaye-là, me dit-il.
- Essayer ? - Fais un geste quelconque, me chuchota mon père, qui tentait désespérément de calmer ma mère.
J’agitais comme je pouvais ma baguette, et immédiatement il y eu un léger coup de vent, faisant virevolter mes cheveux déjà en bataille. Apparemment c’était la bonne, et je n’osais pas rediscuter sur son apparence étrange. Papa lui, parlait avec Ollivander tandis que j’étais tiré en arrière.
- Aller on y va ! Ma mère m’entraîna hors de chez le marchand de baguettes, emplie d’une folle curiosité, désirant se rendre dans chacune des boutiques présentes dans la rue. La ménagerie magique, Gringotts, Obscurus books, l’apothicaire, le magasin de chaudrons... autant de boutiques qui défilèrent sous mes yeux à vitesse éclair.
Lorsqu’enfin elle arrêta de courir dans tous les sens, nous nous trouvions devant une draperie qui m’était bien familière. Maman trouvait cela merveilleux, tandis que je la regardais, attendant paisiblement qu’elle réagisse.
- Tu es déjà venue ? Lui demandais-je.
- Non. Lui attrapant la main délicatement, je l’entraînais dans la draperie, dont chaque mur était recouvert de beaux tissus, aux teintes et motifs différents. Une véritable explosion de couleurs, mélangée à une douce odeur de poussière. Immédiatement un jeune homme sortit de derrière un long pan de tissu violet et, bien habillé ainsi que l’était toujours mon père, me salua, baguette en main.
- Bonjour Alex. - Bonjour Murphy. Il s’arrêta quelques instants sur ma mère, qui totalement déconcentrée s’époustouflait sur la boutique.
- Madame Knight je suppose, devina le né moldu en un sourire.
Ravi de vous rencontrer. 9 décembre 1968, Poudlard, Salle de défense contre les forces du mal.Un objet percuta ma tête, troublant mon profond sommeil.
- Hey, la belle au bois dormant .... , on ne dort pas pendant mon cours ! Si vous êtes aussi fainéant, j’imagine ..., les Gryffondors, vous n’êtes .... votre assiduité en cours, je me trompe ?Seuls quelques bribes du beau discours de Monsieur Henley arrivèrent à mes oreilles tandis que j’émergeais péniblement. Tous les yeux de la classe étaient rivés sur moi, et je sentais comme des accusations à mon égard.
Mais même s’il s’agissait du cours de défense contre les forces du mal, la théorie pure enseignée de manière magistrale restait pour moi la meilleur des berceuses.
- Bah alors, on attend le baiser du prince charmant ?De l’autre côté du couloir, assis sur ma droite, ce sale serpent d’Arthur venait de me cracher à la figure. Son visage pâle et ses cheveux noirs de geais me donnaient envie de vomir, surtout quand je n’étais pas totalement réveillé.
- Ta gu*ule, conn*rd !- Oh, je t’ai vexé ? Je suis désolé… répliqua-t-il, mielleusement.
Sa voix en elle-même m’irritait. Nasillarde à mes oreilles et bien trop emplie d’un sadisme courant chez les Serpentards.
- Bon, blanche-neige, fermez-la. Vous perturbez mon cours.J’aurais mis ma main au feu que lui aussi avait été à Serpentard. Ce sale prof à l’allure blasée et rigide, qui ne pouvait pas tenir debout sans son bâton. Mais au moins, il me fallait admettre que le serpent avait fermé son clapet.
Tout du moins, de ce que j’avais cru.
- Au moins moi, mon oncle n’est pas pédophile.
Là il dépassait les bornes. S’il n’avait été question que de sa sale gue*** j’aurais passé, mais là, l’eau venait de déborder du vase. Ce genre d’accusation totalement fausse avait fait monter en moi une poussée d’adrénaline qui m’avait réveillé comme jamais.
Je me levais en bousculant le pupitre. A ma gauche, Edward tenta de me retenir mais j’avais déjà écarté le bras de mon ami.
- T’as dis quoi là ?! Répète pour voir !Debout, collé au bureau du serpent, je le regardais attentivement, fou de rage, attendant qu’il n’ouvre son livre de cours avant de se mettre à ma hauteur pour m’insulter moi, et oncle Wolf.
- Bah quoi ? Tonton Wolfgang t’a fait des cochonneries ?Le coup partit tout seul. Mon poing déjà entaillé au niveau des phalanges vint s’écraser sur sa mâchoire, tandis qu’il s’étalait au sol bruyamment. Emplis d’une rage incontrôlable, je m’apprêtais à frapper de nouveau, lorsqu’une main vint me saisir pour me tirer de la « victime ».
- On ne sait pas maîtriser ses élèves, monsieur Henley ? Se moqua ouvertement un professeur dont le nom ne me revenait pas.
Claquant sa canne sur le sol de pierre tel un octogénaire, il s’avança vers moi d’un pas décisif et énergétique qui le différenciait d’un vieillard. Saisissant fermement mon bras de sa grande main, il me tira dans l’allée jusqu’à la porte d’entrée tandis que je me débattais pour m’arracher de cette saisie.
- De toute façon, t’es qu’un p*tain de conn*rd ! Sale Serpentard de m*rde ! Va crever en enfer ! Hurlais-je fou de rage.
Lorsqu’il m’eut mis dehors, il se retourna vers mes camarades encore choqués avant d’ajouter :
- Au fait, moins cinquante points pour Gryffondor !- Quoi ?! râlais-je avant qu’il ne claque la porte avec force.
De nouveau face à moi, dans le couloir encore désert, il conclut, accompagné de ses yeux verts menaçants :
- Que je ne vous reprenne pas à semer le trouble pendant mon cours. Vous êtes un tocard, monsieur Knight ! On se reverra en retenu !Il fit demi-tour et me claqua la porte au nez, sans me laisser le temps de répliquer.
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J’avais presque réussi à l’éviter jusqu’à ce qu’il use de magie pour me stopper. Jamais je n’aurais cru que ce salop*** serait allé jusqu’à venir me chercher dans les couloirs pour que j’effectue cette fichue heure de colle.
Ainsi, forcé et contrains, je me retrouvais seul avec lui dans la salle de cours, à travailler sur un sujet dont le titre représentait pour moi la totalité de son contenu : l’incompréhension. Lui, il se fichait éperdument de ce que je faisais ou ne faisais pas, car pour cause, je n’avais pas écrit un seul mot en une demi-heure et lui, avait toujours le nez plongé dans son bouquin stupide.
Le silence de mort qui régnait en cette heure tardive était régulièrement interrompu par son rhume, qui l’obligeait à se moucher toutes les deux minutes. A force de l’observer j’en étais venu à la conclusion que cela lui était habituel. Il semblait posséder dans son bureau une quantité illimitée de mouchoirs blancs. Mais le plus comique était le tas de papier blanc qui se créait progressivement à côté de lui. Bientôt, il en serait submergé. M’accuser de ne pas travailler aurait été bien, mais même si j’avais voulu, jamais je n’aurais pu en raison de ce phénomène du corps enseignant.
- Vous voulez pas arrêter de vous moucher ? J’arrive pas à me concentrer.- Ah parce que vous essayiez de vous concentrer là ?Son humour m’irritait plus qu’autre chose, si bien que ma motivation à travailler passa de six pieds sous terre à la profondeur de la fosse des Mariannes. Pour tenter de masquer cette volonté ridicule, je grattais la plume sans encre sur le papier.
- Je sais que vous faites semblant d’écrire.- Mais je comprends rien aussi, c’est trop compliqué !Il referma son livre, posa son regard sur moi comme amusé.
- Qu’est-ce qu’un Basilic ? me demanda-t-il.
Pour le coup il m'avais coincé.
- Euh… Un gros lézard ?- De quoi est faite votre baguette ? Quelle évidence ! Je ne vois même pas en quoi poser la question pouvait être utile.
- Bah, de bois !Après un long et pénible moment de silence, il souffla, se leva, et vint se poser en face de moi, collé au pupitre.
- Comment avez-vous eu vos BUSES ?La réponse acceptable à cette question était : « j’ai travaillé dur, et j’ai finis par y arriver ! ». Mais ce n’était pas la vérité, et tout le monde autour de moi le savait.
Je souris malicieusement puis baissais la tête pour ignorer son regard qui me paraissait emplis de jugements.
Il fit demi-tour, se stoppa net, puis toujours retourné prononça un seul et unique mot :
- Debout.- Quoi ?Soudain, chaque objet sur mon pupitre virevolta et me retomba dessus. L’encrier avait dégouliné sur mon visage, mes cheveux, et mes vêtements, créant une pellicule noire sur ma peau. Jamais je n’arriverais à nettoyer un tel carnage tellement s’en était indélébile. Il allait falloir me racheter des habits neuf, que bien entendu je ne pourrais jamais me payer.
- Mais vous êtes complètement c*n !- On s’est fait une nouvelle couleur, monsieur Knight ?S’en était trop. S’il continuait de me provoquer de la sorte, il finirait par me trouver, et là il allait moins rigoler.
- C’est n’importe quoi ! M’exclamais-je en me dirigeant vers la porte.
Mais au moment ou ma main toucha la froide poignée, la porte se verrouilla. Il m’avait enfermé en cours. Je souriais dans mon coin, amusé contre ma volonté face à ma situation.
- En garde.Saisissant ma baguette encore posée sur mon pupitre, je me retournais l’air plus confiant que jamais, sourire aux lèvres. Il allait voir ce qu’il allait voir celui-là.
- Bon ok. J’vous préviens, ça va faire mal !- Mais oui, mais oui…Je me suis littéralement fait massacré. Et c'est à partir de cela que j'allais (par miracle) obtenir mes ASPIC et ainsi achever ma scolarité.
31 octobre 1981, St Peter's Church, Oundle.Seul dans l’église, je n’avais pas bougé depuis plus d’un quart d’heure, comme attendant que quelque chose n’arrive. Et pourtant, assis là dans le silence, je n’avais aucune idée de ce qui se passait de crucial pour le monde magique.
Il était tôt, et le peu de lumière qu’offrait le temps monotone, traversait en douceur les vitraux flamboyants de l’église, se faufilant entre les arcades de pierre pour arriver jusqu’à la nef. J’ignorais pourquoi je venais encore ici pour prier. Car après tout, n’importe quelle église plus proche de chez moi aurait fait l’affaire. Mais celle-ci était bien particulière. C’était celle de mon enfance, celle où j’avais été baptisé et celle de ma ville natale. Celle où maman m’avait conduit maintes et maintes fois. Suite à sa mort, nous avions déménagé et s’en eut été finit de cette église pourtant bien sympathique....
Après réflexion, jamais je ne me rappelais avoir cesser de croire en Dieu, même suite au décès de ma mère à la fin de ma première année scolaire. Et chaque soir avant de dormir j’avais prié. Prié pour elle, partie trop tôt. Prié pour mon oncle, Wolfgang qui nous avait quitté deux années plus tard. Prié pour mon père qui plongeait peu à peu dans l’alcoolisme depuis que sa boutique avait sombré dans les flammes, engloutie par les mangemorts. Prié pour ma fille, Emily, qui âgée de cinq ans était séparée de moi et vivait à Londres. J’avais même prié pour Karen et son nouveau mari qui traversaient des moments difficiles. Oui, même pour eux, en oubliant le fait qu’ils éduquaient ma fille sans moi, ne l’autorisant à me rendre visite que pour les vacances scolaires. En outrepassant le fait qu’à eux deux ils semblaient vouloir accentuer la terrible sentence qu’avait prononcé le juge trois ans plus tôt. Elle avait profité de l'alcoolisme de mon père, de mon casier judiciaire, de mon enfance difficile dans un quartier pauvre, de mes revenus médiocres et de mon emploi instable pour parvenir à ses fins. J'avais perdu et maintenant j'en subissais les conséquences. Mon passé m’avais rattrapé.
Lorsqu’enfin je sortis en poussant l’immense porte de bois sculptée, je sentis, au soleil flamboyant et aux diverses groupuscules de gens réunis, que quelque chose venait de se produire. Quelque chose qui poussait ainsi le peu de sorciers de cette ville à se regrouper en tas, sur l’herbe accolée à l’église. En effet, ils formaient conciliabule de manière peu discrète, vêtu de leurs grandes robes et de leurs chapeaux tarabiscotés si étrange pour les passants moldus.
- Que se passe-t-il ? demandais-je en les interrompant.
Suspicieux, ils cessèrent leur conversation pour me dévisager sans pudeur. Le plus vieux des trois avec des lunettes aux montures d’argent, écarquilla son pâle regard en dépliant chacune de ses rides.
- Tu-Sais-Qui est mort pardi ! cria-t-il fou de joie.
- Quoi ?! m’exclamais-je entre surpris et choqué.
- Mort.- Mort.- Mort, chanta le troisième sorcier.
- On est libre !Sur le coup j’ai bien rigolé. Qu’ils étaient séniles ces vieux schnok ! Puis j’ai compris qu’ils étaient on peu plus sérieux.
- Mais... c’est impossible ! m’exclamais-je.
Comprenant que j’étais un sorcier et non un simple moldu, ils cessèrent de tourner les choses en rigolade pour se laisser aller à la joie sous forme pure.
- Le seigneur des ténèbres est mort mon gars.- Et les Potter avec eux.- Tu ne le savais pas ?- Non.- Et bien tu devrais. Le petit Potter l’a terrassé.- Mais c’est impossible c’n’est qu’un gosse !- On ne sait pas comment.- Mais on sait que c’est la fin.- Courez vite le dire à votre famille ! A cet instant fatidique, le temps ralentit soudainement, et les bruits autour de mois s’apaisèrent. Puis, de manière tout aussi soudaine, une sourde douleur me quitta. Une douleur que je n’avais même pas conscience d’avoir eu, mais qui me libéra d’un lourd fardeau. Je n’avais plus mal. Même mon épaule souffrant d’un récent transplanage raté au travail, ne me tiraillait plus. Comme l’avait dit le sorcier ; j’étais « libéré ».
Puis la décharge d’adrénaline. Il fallait à tout prix que j’avertisse mon père qui devait être en train de se saouler dans sa maison. Il fallait que je cours, que je vole, que je transplane pour le prévenir au plus vite. La panique s’empara de moi et je disparu sans me soucier des moldus qui auraient pu m’apercevoir.
J’atterris dans la miteuse maison du Whitehawk Brightonien mal fréquenté dans lequel j’avais grandis. Tout était sale comme à son habitude, mais pourtant tout avait changé.
- Bon dieu de mer** Papa ! M’exclamais-je en l’enlaçant.
C’est fini.